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À rebours de l’époque, on a charmé pour toi

Qui veut bien m’écouter, un serpent à sonnet.

Il erre dans la nuit, à l’ombre de mon toit,

Pour quérir sa pâture. Aidé d’un bâtonnet

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En guise de flûtiau, je lui chante mon vers

Qui l’endort un moment, jugeant la sérénade

Soporifique à souhait pour tiédir les hivers

Où il se trouve seul. Puis, à la dérobade,

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On lui jette un caillou, pour de faux et il siffle

Tel qu’un chat irrité mauvaisement te souffle

Si pour t’être distrait, tu lui tirais la queue.

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Le journal de chez toi voudrait-il l’accueillir ?

Dans un vivarium, je l’ai mis à vieillir ;

Mais pour le cuisiner, il faut un maître-queux !

 

Il raidit ses anneaux, ondulant tout exprès

Pour voir dans le miroir ces tercets de plus près.

Il a beau tain, c’est vrai, et comme le bottin,

 

Il est intelligent, ce qui ne gâte rien !

En ses reflets changeants, il mire un os, un chien

Et tout un tas de mots dans un fou baratin.

 

C’est à contre-courant qu’aux tonneaux étonnés,

Il aspire le vin qu’un poète amateur

Lui donne à siroter. Les tombeaux surannés

De sa décrépitude ignorent la vigueur

 

Des poèmes du jour, tous morts d’épilepsie.

Sa poésie vieillotte est un défi au temps

Qui veut que, morcelé, haché menu d’autant,

Le propos libre fuse, écourté par la scie !

Sérénade au bal con
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